Chaiten et le parc de Pumalin
Nous atteignons la ville de Chaiten qui marque l’entrée du Parc de Pumalin.
Ce parc fait polémique au Chili car il a été créé contre la volonté de l’Etat et beaucoup de fausses rumeurs courent. Nous entendrons beaucoup de différentes versions de la bouche des chiliens.
Le fait est qu’un milliardaire américain, Thompkins, créateur de Esprit et North Face (vêtements de montagne) a revendu ses entreprises et s’est lancé à travers le monde et en particulier en Amérique du Sud dans des projets de conservation de milieux naturels de grande richesse.
Afin d’acquérir le domaine de Pumalin que pouvaient convoiter des entreprises de l’hydroélectrique en particulier, Il a acheté petit à petit sous le couvert d’intermédiaires un vaste territoire de forêt humide traversé par la carretera austral.
L’Etat en colère a essayé de contrecarrer ses plans en vendant en particulier un vaste terrain permettant de joindre les 2 parties de Pumalin à une entreprise d’hydroélectricité espagnole à un prix inférieur à celui qu’en offrait Thompkins!
Toutefois, Thompkins a semble-t’il prouvé sa bonne foi en donnant les terres à une fondation chilienne qui a donc pu le transformer en une réserve naturelle. Aujourd’hui, Thompkins vit une grande partie de l’année là-bas et finance l’entretien du parc. Il développe également des projets d’agriculture biologique et forme les locaux à cela.
De notre point de vue, il n’y a pas trop à polémiquer et les intentions écologiques de Thompkins nous paraissent sincères.
Aujourd’hui ce parc de Pumalin est un passage quasi-obligé pour faire passer le projet de lignes haute-tension qui relieraient le projet de retenue pharaonique sur le rio Baker au Sud et la région de Santiago. Ceci ravive les tensions entre le gouvernement libéral et Tompkins et les fausses rumeurs courent.
Voilà pour la petite histoire, mais vous nous entendez tellement souvent pester contre les multinationales et certains de leurs patrons que ça justifiait de vous la conter.
Nous arrivons à Chaiten, petite ville qui a été ensevelie sous les cendres du volcan fumant la dominant (photos) il y a quelques années. Beaucoup de maisons n’ont pas été reconstruites et il y a beaucoup moins d’habitants aujourd’hui.
Près de Chaiten nous avons été aux termes Amarillo. La maison des propriétaires est typique du coin.
L’eau dans le bassin est trop chaude malgré la pluie qui tombe mais un peu plus bas il y a une petite piscine qui nous attend rien que pour nous !! Nous sommes super bien dans cette nature luxuriante en train de barboter.
Nous avons passé la nuit ici et avons profité du soleil du matin pour jouer dans la rivière, observer oiseaux et papillons…
Dans le coin on voit encore beaucoup de colibris rubis qui affectionnent les fuchsias. Ces colibris ont la particularité de se suspendre aux fleurs avec leurs pattes pour économiser l’énergie. C’est là qu’on voit qu’ils sont bien légers, suspendus aux pistils :
Un comesebo patagonico
Un piéride rare type euchloe qui participe à la pollinisation des fuchsias en compagnie des colibris :
Nous visons pour la nuit un bivouac sur une plage appelée Santa Barbara. Il parait qu’elle est très belle… Nous ne serons pas déçus !
Une immense plage de sable volcanique noir, bordée d’une forêt luxuriante avec en fond un vieux volcan.
Pas mal pour passer la nuit, non?
Et qui passent dans l’eau ?
Léo et Iban s’amusent comme un fou :
Nous quittons la plage de Santa Barbara avec regret… On y serait bien resté 1 mois entier (mais le soleil ici est rare et ce serait peut-être les 2 seuls jours de soleil du mois)!!! mais avant de partir, quelques photos :
Nous arrivons ensuite au cœur du parc de Pumalin. Nous visitons le secteur des Alerces. Ces arbres immenses de la famille des cyprès peuvent avoir plus de 3600 ans, atteindre 60m de haut et Charles Darwin avait mesuré un diamètre de 12,6m sur un spécimen!. Ils ont été décimés pour faire des bateaux car leur bois est imputrescible. Il ne reste plus que quelques populations dans le région.
Iban puise l’énergie de l’arbre millénaire (c’est vrai qu’il en manque!!!)
Nous prenons souvent des autostoppeurs. Cette fois-ci c’était des jeunes qui se sont ensuite baladé avec nous. On s’est retrouvé à manger, une fois les enfants couchés, avec 2 couples de chiliens. On a passé une super soirée abordant des thèmes plutôt féminins (l’avortement n’est pas autorisé au chili et la pilule du lendemain n’est légale que depuis 1 an…) qui préoccupent tous les jeunes couples (au moins ces 2 là). Même si les sujets concernent la féminité, les jeunes hommes sont très impliqués dans le soutien de leurs (petites)amies et il y a une vrai solidarité pour que finalement ce qui souhaite être fait soit fait… dans l’illégalité et le danger… Le marché noir est présent partout, mais très cher…
Un couple dormira avec nous dans le camping-car. On se baladera avec eux, pour le plus grand plaisir des enfants qui ont adoré jouer avec eux.
Nous enchaînons les balades dans un milieu humide et touffu et très bien aménagé. Tout est beau, naturel, propre, respectueux de l’environnement. Les passerelles et escaliers en bois sont magnifiques et permettent de garder les pieds au sec même dans les sous-bois humides. En plus c’est très ludique pour les enfants :
L’écorce des arbres est le plus souvent colonisée par toute sorte de mousses et fougères :
Petite présentation de la végétation du coin :
Les balades mènent le plus souvent à des cascades noyées dans une végétation luxuriante. On a adoré, même quand il pleuvait.
Nous sortons du côté Nord du Parc de Pumalin. Avant nous allons faire une visite de l’accueil. Le centre propose une restauration à base de produits biologiques produits sur place ainsi que des formations pour les locaux pour faire de l’agriculture bio et leur miel malgré ce taux d’humidité très élevé (peut être le plus élevé de la terre !), l’objectif étant de les amener vers une “indépendance” alimentaire.
Une photo du jardin potager, inutile de dire que je voudrais le même ! Il va falloir que Joël aille beaucoup en montagne chercher du noisetier pour le plessage! L’avantage est qu’ici ils utilisent du bois imputrescible.
Nous quittons ce havre de paix à Caleta Gonzalo avec un ferry. Nous prendrons l’option la moins chère qui va vers Hornopiren en enchainant 3 ferrys entrecoupés par de la piste. La pluie sera souvent de la partie.
Nos projets initiaux devaient nous amener sur la grande île de Chiloé mais nous avons du retard et nous décidons de filer vers l’Araucanie, la région des volcans et des araucarias (conifères préhistoriques). Nous ne prendrons également pas le temps de découvrir la région de Bariloche côté argentin qui recèle pourtant de merveilleux lacs.
Ce continent est d’une telle richesse! Je crois bien qu’il faudra revenir…