Au nord de Quito et forêt de Mindo
Nous récupérons Eric et Esther (le frère de Joël et sa femme) à Quito. Après une nuit un peu courte à cause de multiples bavardages (c’est qu’on en a des choses à se dire!) Esther est déjà réquisitionnée de bon matin par les enfants et elle y met sa bonne humeur habituelle.
Nous partons ensuite vers le nord, marcher autour du cratère de Cuicocha, au cœur duquel se trouve la lagune du même nom.
Le lendemain, samedi est jour de marché à Otavalo. Ce sera l’occasion de déguster ensemble le chancho (porc entier rôti toute une nuit dans un grand four) pour le petit déj’… ça met dans l’ambiance !
Esther et moi, nous nous achèterons une robe traditionnelle sur un des stands du marché. On a été très bien conseillées et les passants Equatoriens nous regardaient avec fierté, contents que des “gringos'” s’intéressent à leur culture et à leur vêtement. Pendant ce temps Joël, Eric et les enfants iront du côté du marché aux bestiaux. Il s’y vend toutes sortes d’animaux : Lamas, poulets, lapins, chiens, chats… et cochons d’inde qui sont ici mangés comme les lapins.
Nous mangerons aussi des beignets traditionnels, boirons de l’eau de coco, des jus de fruits… bref, un long moment au milieu des couleurs chaudes de l’Equateur.
Nous irons ensuite dans la forêt tropicale pour observer les oiseaux, dans la région de Mindo sur les contreforts ouest des Andes. Il s’agit d’une forêt tropicale d’altitude (entre 1000 et 2500m d’altitude) qui constitue un écosystème rare et menacé avec énormément d’espèces endémiques et une biodiversité exceptionnelle. Cette région a été élue meilleure zone d’observation d’oiseaux au monde. Pour le plus grand bonheur des deux frères. Le soir en se couchant ils nous feront chacun une réflexion : l’un “c’est bizarre quand je ferme les yeux, je vois encore la forêt” et l’autre “ dès que je ferme les yeux, je vois des oiseaux”… des gamins dans un magasin de jouets !!!
Mais il faut reconnaître que c’est magique de pouvoir observer tous ces oiseaux aux couleurs exceptionnelles et cette végétation luxuriante. Joël prend le clavier pour détailler cela.
Le séjour d’Eric et d’Esther étant un peu court, nous n’aurons que deux jours dans la forêt.
Nous ferons une première halte à Pahuma pour une courte balade qui nous donnera un aperçu de la forêt.
Nous rejoindrons ensuite la propriété d’Angel Paz.
Cet agriculteur s’est rendu compte il y a environ 8 ans qu’il avait sur sa propriété un lek (aire de parade nuptiale) de coqs-de-roche (ci-dessous).
L’oiseau étant exceptionnel (de par ses couleurs et son casque) et attirant les passionnés d’oiseaux du monde entier pour assister à la parade nuptiale (plusieurs mâles rouge vif se rassemblent dans un lieu précis de la forêt et pratiquent des petits sauts, battements d’ailes et cris pour séduire les femelles) Angel Paz a décidé de créer un site d’observation pour gagner un peu d’argent. Puis en créant ce sentier, il s’est aperçu que certaines espèces d’oiseaux très difficiles à observer (famille des grallaires) car ne se déplaçant qu’au sol dans la forêt, habitaient également son terrain. Il a alors réussi (avec son frère Rodrigo) avec abnégation et passion à familiariser ces oiseaux à sa présence et à les nourrir. Au bout de plusieurs années Angel pouvait proposer aux ornithologues de venir observer de très près ces oiseaux. Ceci lui a rapidement apporté la notoriété dans le monde de l’ornithologie. Par exemple, le grallaire géant ci-dessous, même s’il n’est pas impressionnant n’avait été enregistré que moins de 10 fois avant 1990.
Angel imite leurs cris, les fait venir, les appelle par leur prénoms car il connait les différents membres de la famille et les nourrit. Il a également réussi à se familiariser avec le rare grallaire à poitrine ocre (à gauche) et le corcovado dorsioscuro (à droite) et le tapaculo (en-bas qui mettra 20 minutes à faire un long trajet à pied tout en échangeant des cris avec Angel, étonnant).
En plus de ces oiseaux qui ont fait sa réputation, Angel et son frère ont disposé sur la propriété plusieurs zones d’observations. Si bien qu’entre ces zones, les sentiers en forêt et les arbres fruitiers autour de la maison, on finit par observer beaucoup de belles choses
et on arrive aussi souvent à les photographier. Eric a amené à Joël un nouveau boîtier bien utile en face des oiseaux vu que l’autre a été endommagé en Bolivie par un technicien maladroit et ne permettait plus un focus rapide et précis. Le baptême du feu du nouveau boîtier ne sera pas oublié de sitôt devant tant de belles espèces d’oiseaux :
Toucanete lomirrojo
Toucan barbet
Piha olivaceo et Solitario andino
Pava ala de Hoz
Tangara montana aliazul
tangara nuquidorada
Tangara doré
un gobe-mouche mosquero coronidorado
Enfin, si on peut observer de nombreux colibris en forêt ou à la périphérie, il faut bien reconnaître que quelques mangeoires facilitent grandement l’observation. Des myriades de colibris y défilent pour le plus grand bonheur des enfants, mais pas qu’eux.
On observera pas moins de 13 espèces de colibris. En voici la plupart, je mets les noms anglais récupérés dans un livre (il n’y a pas a priori de nom français):
Fawn-breasted brilliant (mâle et femelle)
Empress brilliant mâle
Sparkling violetear
Booted racket-tail mâle
Purple throated woodstar mâle
Buff-tailed coronet femelle
Andean emerald
Velvet-purple coronet mâle
Violet tailed sylph mâle
Purple-bibbed whitetip mâle
Brown inca dans son nid
Puis nous partirons à la recherche d’une espèce de toucan bleu (plate-billed mountain toucan) et du quetzal à tête dorée.
L’humidité qui règne dans ces forêts permet à de nombreuses plantes épiphytes (en particulier les broméliacées) de se développer sur les arbres :
Après pas mal d’efforts nous aurons la chance d’observer une femelle de quetzal à tête dorée. Son ventre rouge vif n’apparaît pas sur la photo.
Et puis quelques paillons avec un “numéro 88” et un “automeris”
Après cette immersion dans l’effervescence tropicale, c’est l’heure du retour et nous remontons à Quito le soir, pour qu’Eric et Esther prennent l’avion le lendemain matin. Pincement au coeur au moment des adieux, c’était trop court mais vraiment chouette. Merci à vous pour cette visite qu’on aura tous savourée, petits et grands.